XXXVI

Mona Campbell était partie pendant la nuit. La voiture n’était plus là et il n’y avait pas de traces dans l’herbe humide de rosée. Elle ne reviendrait pas. Son manteau n’était plus accroché derrière la porte de la cuisine et il n’y avait plus de vêtements sur les cintres. La maison était vide. Rien ne permettait plus de supposer qu’elle eût jamais habité ici.

Maintenant, la maison avait un air lugubre, non parce qu’il n’y avait plus personne mais parce qu’elle n’était plus une structure possible pour l’habitat humain. Elle était d’un autre temps, d’une autre époque. L’homme n’avait plus besoin de pareilles maisons, au beau milieu d’hectares désolés. Aujourd’hui, les hommes vivaient dans des tours de béton et d’acier, entassés les uns sur les autres. L’homme, autrefois, vagabond et solitaire, faisait maintenant partie du troupeau. Bientôt il n’y aurait plus de constructions individuelles, ou plutôt, le monde entier serait une structure unique et ses milliards d’occupants vivraient sous terre et dans les airs. Ils vivraient dans des villes flottant sur les océans. Ils vivraient dans des satellites gravitant autour de la terre. Et il viendrait un temps où ils iraient sur d’autres planètes préparées pour eux. Ils utiliseraient l’espace partout où il se trouverait et, quand il n’y en aurait plus, ils le fabriqueraient. C’était la voie tracée et il n’y en avait pas d’autre. Le rêve du voyage dans le temps était mort.

Frost était debout sur le perron et regardait l’étendue couverte d’herbes sauvages sur ce qui avait été une ferme. Les arbustes de son enfance étaient devenus arbres et servaient de paravent. Les grilles étaient cassées et, bientôt, il n’y en aurait plus. D’ici un siècle, personne ne s’occupant de la maison ni de la grange, elles disparaîtraient aussi.

Mona Campbell était partie et lui aussi allait partir, non pas qu’il eût un but bien précis mais parce qu’il n’avait aucune raison de rester. Il suivrait la route, errant sans but, car sa marche serait sans objet. Il quitterait la région. Il partirait droit vers le Sud car d’ici quelques mois il ferait froid, il neigerait.

Oui, vers le Sud, vers les régions désertes et les montagnes. Cela faisait longtemps qu’il projetait un tel voyage.

Mona Campbell était partie. Pourquoi ? Parce qu’elle craignait qu’il trahisse sa présence pour retrouver sa place dans la société, parce que, maintenant, elle savait qu’elle n’aurait pas dû lui dire ce qu’elle lui avait dit et qu’elle se sentait vulnérable ?

Elle avait fui, non pour se protéger mais pour protéger le monde. Elle suivait sa route solitaire parce qu’elle ne voulait pas dire au monde qu’il avait vécu deux siècles dans l’erreur et parce que l’espoir qu’elle avait trouvé dans les mathématiques hamaliennes était trop mince pour qu’elle pût se dresser contre la structure sociale complexe que l’homme avait lui-même forgée.

Il n’y avait pas d’autre promesse que celle de l’éternité. Elle n’indiquait pas la forme de cette vie, elle n’affirmait pas qu’il y en aurait une. Mais c’était la preuve et c’était mieux que la seule foi, car la foi n’était rien d’autre, au fond, que l’espoir résultant de cette preuve.

Frost descendit le perron, traversa la cour vers la grille délabrée. Il pouvait aller où il voulait, il pouvait se mettre en route immédiatement. Il n’avait pas à faire de bagages, ni de plans car il n’emportait que les vêtements d’Amos Hicklin et, n’ayant pas de but, il n’avait pas à faire de plans.

Il était à la grille et l’ouvrait quand la voiture apparut, surgissant subitement des bois, tout près de la maison.

Etonné, la main posée sur la poignée, il pensa tout d’abord que c’était Mona Campbell qui revenait, qu’elle avait oublié quelque chose, qu’elle avait changé d’avis.

Puis il vit deux personnes dans la voiture, toutes deux des hommes. Le véhicule atteignit le portail et s’arrêta.

Une portière s’ouvrit et l’un des hommes descendit.

— Dan, dit Marcus Appelton, quel plaisir de vous trouver ici. Et particulièrement quand on ne vous y attendait pas le moins du monde.

Il était affable et gai, comme s’ils étaient de vieux amis.

— Je crois pouvoir en dire autant. À bien des occasions, je me suis attendu à vous voir arriver mais sûrement pas aujourd’hui.

— Bon, c’est parfait. Peu importe le moment. Ça tombe justement très bien. Je ne m’attendais pas à mettre le grappin sur vous deux à la fois.

— Nous deux ? demanda Frost. Vous parlez par énigmes, Marcus. Il n’y a personne d’autre que moi ici.

Le chauffeur était sorti de la voiture. Il en fit le tour. C’était un homme fort, il louchait et était armé d’un gros revolver qui saillait sur sa hanche droite.

— Clarence, dit Appleton, entrez dans la maison, et sortez-en la Campbell.

Frost passa la porte et se mit de côté pour que Clarence pût passer. Il regarda l’homme traverser la cour, monter les marches et pénétrer dans la maison. Il se tourna alors vers Appleton.

— Marcus, qui comptez-vous trouver ?

Appleton ricana :

— Ne faites pas l’idiot. Vous le savez bien : Mona Campbell. Vous vous souvenez d’elle.

— Oui, la femme de la recherche temporelle, celle qui a disparu.

Appleton hocha la tête.

— Des types à la station du secteur ont repéré quelqu’un qui vivait là il y a plusieurs semaines, quand ils ont accompli une mission de secours en hélicoptère. Puis, il y a une semaine, la même femme qu’ils avaient vue ici est venue, amenant un homme mordu par un serpent. Elle a dit qu’elle l’avait trouvé sur la route, qu’elle était seulement de passage. Il faisait noir et ils ne l’ont pas très bien regardée mais ça a suffi pour faire le rapprochement et tirer des conclusions.

— Vous vous êtes trompé, lui dit Frost, il n’y a personne ici, personne, sauf moi.

— Dan, dit Appleton, en appuyant sur ses mots. Vous savez qu’il y a une accusation de meurtre qui pèse sur vous. Si vous pouvez nous révéler quelque chose, on pourrait peut-être oublier qu’on vous a trouvé et vous laisser filer.

— Filer jusqu’où ? demanda Frost, jusqu’à portée de fusil, pour pouvoir me tirer dans le dos ?

Appleton secoua la tête :

— Un arrangement est un arrangement. On vous recherche, bien sûr, mais celle que nous sommes venus chercher, celle qu’on recherche vraiment, c’est Mona Campbell.

— Je n’ai rien à vous dire. Si ce n’était pas le cas, je serais tenté d’accepter votre proposition, ne serait-ce que pour savoir si vous tiendrez parole. Mais Mona Campbell n’a jamais habité ici. Je ne l’ai jamais vue.

Clarence sortit de la maison, s’avança à pas lourds vers la grille.

— Personne là-dedans, Marcus, dit-il, aucun signe de qui que ce soit.

— Hum ! fit Appleton. Elle doit donc se cacher quelque part.

— Pas dans la maison, dit Clarence.

— Ne crois-tu pas que ce monsieur pourrait savoir ? demanda Appleton.

Clarence tourna la tête et loucha sur Frost avec insistance.

— C’est possible, dit Clarence. Il y a de grandes chances qu’il le sache.

— L’ennui, dit Appleton, c’est qu’il n’est pas d’humeur à parler.

La grosse main de Clarence partit tellement vite qu’il fut impossible à Frost d’esquiver le coup. Il la prit en pleine figure et en tomba à la renverse. Il s’affaissa contre la grille.

Clarence se pencha, l’agrippa par sa chemise, le releva et abattit de nouveau sa main.

Des étoiles multicolores explosèrent dans la tête de Frost qui se retrouva à quatre pattes en secouant la tête pour essayer de s’éclaircir les idées. Il saignait du nez et avait un goût de sel dans la bouche.

La main l’empoigna et le remit sur pied. Titubant, il se maintint debout à grand-peine.

— Attends, dit Appleton à Clarence, laisse-le souffler un peu. Peut-être qu’il va parler maintenant.

Il dit à Frost :

— On remet ça ?

— Allez au diable ! dit Frost.

La main frappa encore et il se retrouva à terre une fois de plus. Il se demanda, tandis qu’il essayait de se remettre sur pied, pourquoi il avait répondu comme il l’avait fait. C’était stupide. Il avait voulu jouer les héros, et voilà où ça l’avait mené.

Il s’assit péniblement et dévisagea les deux hommes. Appleton avait perdu son sourire amusé. Clarence était debout, bien campé sur ses jambes et le regardait.

Frost s’essuya le visage. Il regarda sa main ; elle était maculée de poussière et de sang.

— C’est facile, Dan. Vous n’avez qu’à nous dire où est Mona Campbell. Après, vous pourrez partir. Nous, on ne vous a même pas vu.

Frost secoua la tête.

— Sinon, Clarence va vous rosser à mort. Il aime ce genre de travail et ça pourrait durer assez longtemps. Et j’ai même dans l’idée que les types du secteur pourraient ne pas arriver à temps. Vous savez que ça arrive parfois. Ils sont un tout petit peu en retard. C’est trop bête, bien sûr, mais on n’y peut pas grand-chose.

Clarence fit un pas en avant.

— C’est sérieux, Dan, dit Appleton. Faut pas croire que je plaisante.

Frost eut du mal à ramener ses pieds sous lui pour se lever. Clarence fit un autre pas vers lui. Au moment où il l’empoigna, Frost détendit brusquement les deux jambes et sentit son épaule heurter violemment son adversaire. Il ressentit une sensation d’écrasement et tomba de tout son long, la tête la première. Il roula à l’aveuglette, s’accroupit, puis se releva.

Clarence était étendu à terre. Le sang baignait son visage. Une estafilade zébrait le sommet de son crâne. Apparemment, il avait heurté un piquet de la grille en tombant.

Appleton le chargeait, tête baissée. Frost tenta de l’éviter mais la tête de l’homme le heurta et il tomba, Appleton par-dessus lui.

Marcus le saisit brutalement à la gorge. Il vit au-dessus de lui la figure, les yeux plissés et le rictus de son adversaire. Il lui sembla entendre au loin un bruit de tonnerre dans le ciel. Ses tempes battaient et il n’était plus sûr de rien. La main lui serrait la gorge comme dans un étau. Il leva le poing et frappa la figure au-dessus de lui, mais le coup ne porta pas suffisamment. Il cogna encore et encore, mais la main restait sur sa gorge et continuait de serrer.

Brusquement, un violent tourbillon souleva un nuage de poussière et de gravillons et il vit la figure au-dessus de lui reculer dans la poussière. Puis la main lâcha prise et le visage disparut.

Frost se releva en titubant.

Juste derrière la voiture était posé un hélicoptère, les rotors presque arrêtés. Deux hommes descendirent rapidement de la cabine, armés chacun d’un fusil. Ils mirent pied à terre, le fusil sur la hanche. À l’écart, sur le côté, Frost aperçut Marcus Appleton, debout, les mains pendantes. Clarence était toujours allongé par terre.

Les rotors s’arrêtèrent et ce fut le silence. La cabine de l’appareil portait l’inscription : « Service de secours. »

L’un des hommes dirigea son fusil vers Marcus Appleton.

— Monsieur Appleton, dit-il, si vous avez une arme, jetez-la. Vous êtes en état d’arrestation.

— Je n’ai pas d’arme, dit Appleton, je n’en porte jamais.

C’est un rêve, se disait Frost. Ce ne pouvait être qu’un rêve. C’était trop fantastique et trop absurde pour ne pas en être un.

— De quel droit m’arrêtez-vous ? demanda Appleton.

Sa voix était railleuse. Manifestement, il n’y croyait pas. Personne, absolument personne, ne pouvait arrêter Marcus Appleton.

— Je prends ça sur moi, dit une autre voix.

Frost se retourna et il vit B.J. qui descendait les marches.

— B.J., dit Appleton, vous êtes plutôt loin de chez vous…

B.J. ne répondit pas. Il se tourna vers Frost :

— Comment ça va, Dan ?

Frost leva la main et la passa sur son visage.

— Ça va. Content de vous voir, B.J.

L’un des hommes armés s’était dirigé vers Clarence, l’avait relevé et lui avait enlevé son arme. Clarence était sonné, il tenait des deux mains son crâne entaillé.

B.J. avait maintenant mis pied à terre. Ann Harrison le suivait.

Frost se dirigea vers l’appareil. L’esprit flou, les jambes molles, il marchait comme dans un rêve.

— Ann, Ann, qu’est-ce qui se passe ?

Elle s’arrêta en face de lui.

— Qu’est-ce qu’ils vous ont fait ?

— Rien de bien grave, dit-il. Ils avaient pourtant bien commencé. Mais, dites-moi, que se passe-t-il ?

— Le papier que vous aviez… Vous vous souvenez, n’est-ce pas ?

— Oui. Je vous l’ai donné cette nuit-là. Ou j’ai cru le faire. Il était vraiment dans l’enveloppe ?

Elle fit signe que oui.

— C’était une chose idiote. Ça disait : matricule 2468 934. Est-ce que ce n’est pas ridicule de se souvenir du chiffre ? Matricule 2468 934 sur la liste. Vous vous souvenez ? Vous m’aviez dit l’avoir lu et oublié.

— Je me souviens maintenant qu’il s’agissait de mettre quelque chose sur une liste. Qu’est-ce que ça signifie ?

— Le chiffre, dit B.J., debout à son côté, désigne une personne dans la voûte. La liste était une liste secrète de gens qui ne devaient jamais être ranimés. Toutes les archives les concernant devaient être éliminées. Ils devaient disparaître de l’espèce humaine.

— Pas ranimés ? Mais, pourquoi ?

— Ils étaient suffisamment riches pour justifier un détournement de fonds. On modifiait les archives. Personne ne viendrait réclamer l’argent. C’était tout bénéfice.

— Lane ! dit Frost.

— Oui, Lane, le trésorier. C’est lui qui manigançait tout cela. Marcus faisait évacuer les victimes, celles qui n’avaient pas de parents proches, pas d’amis intimes, des gens qui ne manqueraient pas si on ne les faisait pas revivre.

— Vous savez, bien sûr, B.J., dit Appleton sur le ton de la conversation, que je vous ferai poursuivre devant les tribunaux pour diffamation. Je vous ruinerai, je vous prendrai tout. Vous m’avez calomnié devant témoins.

— J’en doute fort, lui répondit B.J. Nous avons l’aveu de Lane.

Il fit un signe de tête aux deux hommes de la station :

— Emmenez-le !

B.J. dit à Frost :

— Vous allez rentrer avec nous ?

Frost hésita :

— Bah ! je ne sais pas…

— Les marques peuvent s’en aller, dit B.J. Il y aura une proclamation officielle qui rendra hommage à tout ce que vous avez fait. Votre poste vous attend. Nous avons la preuve que le procès et la sentence étaient illégaux et arrangés par Marcus. Et j’ai l’impression que le Centre Eterna trouvera un moyen de vous remercier d’une façon assez substantielle pour avoir intercepté ce papier.

— Mais je n’ai rien intercepté…

— Voyons, voyons ! dit B.J., d’un ton réprobateur, il est inutile de se défiler avec moi. Miss Harrison nous a mis au courant. C’est elle qui nous a apporté le document. Eterna a envers vous une dette dont il ne pourra jamais s’acquitter complètement.

Il se détourna et s’avança vers l’hélicoptère.

— Ce n’est pas moi, dit Ann. Moi je ne peux pas dire à votre B.J. de qui il s’agit. C’est George Sutton.

— Eh ! une minute, dit Frost. George Sutton ? Je ne connais pas…

— Mais si. L’homme qui vous a ramassé dans la rue le soir où vous avez été marqué, le Saint, le vieil homme qui vous a demandé si vous croyiez en Dieu.

— Dan ! B.J. s’était retourné vers eux, au bas des marches qui menaient à la cabine.

— Oui, B.J.

— Marcus était venu ici à la recherche de Mona Campbell. Il affirmait avoir la preuve qu’il la trouverait par ici. Il a parlé d’une vieille ferme. Je pense que ça devrait être celle-ci.

— C’est ce qu’il m’a dit, dit Frost d’un ton uniforme. Il avait l’air de croire que je savais quelque chose sur elle.

— C’est vrai ?

Frost hocha la tête :

— Je ne sais rien.

— C’est bon. On a encore couru après du vent. Un de ces jours, on finira bien par l’attraper.

Il monta lourdement les marches.

— Contentez-vous de penser que vous allez rentrer, dit Ann. Je pourrai vous préparer un autre dîner.

— Et moi, je sortirai acheter des roses rouges et des bougies.

Il se souvint une fois encore de la chaleur, de la sensation de vie que cette femme conférait à une pièce mal arrangée. Il eut soudain conscience du vide et de l’amertume de la vie sans elle. Il se rappela leur amitié et leur camaraderie.

— L’amour ? se demanda-t-il. Etait-ce de l’amour ? Comment un homme pouvait-il savoir ces choses-là ? Au cours de cette première vie, l’homme n’avait pas le temps d’aimer, pas plus que celui de découvrir ce qu’était l’amour. En aurait-il le temps pendant sa seconde vie ? Le temps, sûrement, car il aurait l’éternité devant lui. Mais connaîtrait-il encore dans cette éternité ce sentiment de désespoir qui l’avait hanté pendant sa première vie ? Serait-il un autre homme, ou la première vie n’était-elle que l’ébauche de la vie future ?

Elle avait tourné la tête vers lui et il vit que ses joues étaient mouillées de larmes.

— Ce sera comme la première fois, dit-elle.

— Oui, promit-il, ce sera pareil.

Pourtant, il le savait, ce ne serait pas pareil.

La terre ne pourrait jamais être tout à fait la même. Mona Campbell avait découvert une vérité dont elle ne parlerait peut-être jamais. Mais, dans quelques années, d’autres la trouveraient et alors le monde saurait. Et, une fois encore, le monde connaîtrait une effroyable crise…

— Dan, s’il te plaît, embrasse-moi et montons à bord. B.J. va se demander ce qui nous arrive.

Eterna
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